Lors de la création d’une entreprise en Tunisie, l’une des décisions les plus fondamentales, après le choix de la forme juridique, est celle du régime d’imposition des bénéfices. Serez-vous soumis à l’Impôt sur les Sociétés (IS) ou à l’Impôt sur le Revenu (IR) dans la catégorie des Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC) ? Cette question n’est pas un simple détail administratif. Ce choix a des implications profondes et durables sur le montant de l’impôt à payer, la manière de vous rémunérer en tant que dirigeant, et la gestion de la trésorerie de votre entreprise. Une décision prise à la hâte peut s’avérer sous-optimale et coûteuse. Ce comparatif a pour but de vous éclairer sur les caractéristiques, avantages et inconvénients de chaque régime pour vous permettre de faire un choix éclairé et adapté à votre projet.
Comprendre les Deux Grands Régimes d’Imposition
Avant de comparer, il est essentiel de bien définir les deux options.
L’Impôt sur les Sociétés (IS)
Comme son nom l’indique, c’est la société elle-même qui est redevable de l’impôt. L’impôt est calculé directement sur le bénéfice réalisé par l’entreprise. La rémunération que se verse le dirigeant est une charge déductible pour la société, mais elle est ensuite imposée personnellement entre ses mains à l’Impôt sur le Revenu (IR). De même, les dividendes distribués aux associés sont également soumis à une imposition spécifique.
- Formes juridiques concernées : Obligatoire pour les SA, et une option irrévocable pour les SARL.
L’Impôt sur le Revenu (IR), Catégorie BIC
Ici, la société n’est pas imposée en son nom propre. On parle de société « transparente » fiscalement. Le bénéfice de l’entreprise est directement imposé au nom de l’associé unique ou réparti entre les associés (dans le cas d’une société de personnes) et ajouté à leurs autres revenus pour être soumis au barème progressif de l’Impôt sur le Revenu.
- Formes juridiques concernées : Régime de droit commun pour les entreprises individuelles et les SUARL/SARL qui n’ont pas opté pour l’IS.

Tableau Comparatif : IS vs. IR (BIC)
| Critère | Impôt sur les Sociétés (IS) | Impôt sur le Revenu (IR – BIC) |
| Qui paie l’impôt ? | L’entreprise (personne morale) | L’entrepreneur ou les associés (personnes physiques) |
| Taux d’imposition | Taux proportionnel (ex: 15% ou autres taux spécifiques) | Barème progressif de l’IR (de 0% à 35%) |
| Rémunération du dirigeant | Charge déductible du bénéfice de la société | Non déductible (sa part de bénéfice constitue sa rémunération) |
| Imposition des bénéfices | Imposés à l’IS, qu’ils soient distribués ou non | Imposés à l’IR, qu’ils soient prélevés ou laissés dans l’entreprise |
| Distribution de dividendes | Possible, et soumise à une retenue à la source. | N’existe pas (le bénéfice est déjà imposé dans son intégralité) |
| Gestion de la trésorerie | Distinction claire entre le patrimoine de l’entreprise et celui du dirigeant | Le bénéfice est « réputé » appréhendé par l’associé, même s’il reste en trésorerie |
Analyse Approfondie des Critères de Choix
Le Taux d’Imposition : Le Facteur le Plus Visible
- L’IS offre un taux fixe et souvent plus faible que la tranche marginale la plus élevée de l’IR. C’est un avantage majeur si vous prévoyez de réaliser des bénéfices importants et de les réinvestir dans l’entreprise.
- L’IR peut être plus avantageux au démarrage de l’activité si les bénéfices sont faibles, car vous bénéficierez des tranches basses du barème progressif.
La Stratégie de Rémunération et de Distribution
C’est le point clé.
- Avec l’IS, vous pouvez piloter votre imposition personnelle. Vous choisissez le montant de votre rémunération (imposée à l’IR) et le montant des dividendes (imposés à la retenue à la source). Le reste peut être laissé en réserve dans la société, en n’étant taxé qu’à l’IS.
- À l’IR, la totalité du bénéfice est imposée, que vous le préleviez ou non. Cela peut entraîner une forte imposition personnelle même si vous laissez l’argent dans l’entreprise pour financer son développement.
La Complexité Administrative
La gestion d’une société à l’IS est généralement considérée comme un peu plus complexe (double imposition à gérer : IS pour la société, IR pour la rémunération/dividendes). Cependant, elle offre une plus grande clarté dans la séparation des patrimoines.
Conclusion : Un Choix qui se Simule
Il n’y a pas de « meilleur » régime dans l’absolu. Le choix optimal dépend entièrement de votre situation personnelle et de la stratégie de votre entreprise : niveau de bénéfice attendu, besoins de financement, politique de rémunération, projets de cession à terme… La meilleure approche est de réaliser des simulations chiffrées pour plusieurs scénarios. Faire appel à un expert pour valider cette décision cruciale est un investissement judicieux qui vous évitera bien des déconvenues.
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